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Je suis Charlie

Je suis Charlie

Hier, mercredi 7 janvier 2015, la France a connu l'attentat le plus meutrier qui soit depuis la guerre d'Algérie. Contrairement aux attentats du 11 septembre 2011, où mes 12 ans m'ont permis de vivre les évènements avec détachement; j'ai vécu ceux d'hier avec effroi et horreur.

Et une journée après, je ressens encore ce malaise me donnant l'impression d'avoir la gueule de bois sans avoir touché une seule goutte d'alcool. J'ai donc décidé de coucher ici un peu plus de 2h de ma journée d'hier, sans savoir exactement dans quel but : le besoin de m'exprimer, l'envie de ne pas oublier, etc.


Le 7 janvier 2015

11h30

Je reçois une notification de l'application France TV info annonçant des coups de feu au sein de la rédaction de Charlie Hebdo. Je n'y prête pas attention, je sais que le journal bénéficie d'une protection policière.

Tout me laisse à penser a un fait divers qui occupera les journaux jusqu'à la fin de la semaine. Ça fait déjà un moment que j'ai oublié la précédente fusilade dans les locaux de BFM TV.

Je ne prends même pas la peine d'ouvrir l'application.

12h00

Ma pause repas. Je pars du bureau en vitesse car je dois régler un différentiel avec le trésor public, mais avant je dois récupérer un papier auprès de la CAF. Je grimpe dans ma voiture, j'allume l'autoradio, je démarre, comme tous les jours.

Europe 1 diffuse le témoignage d'un membre de la rédaction de Charlie Hebdo, il est encore en état de choc. Mais ça n'empêches pas les journalistes d'insister. Je me dis, qu'une fois encore le voyeurisme des journalistes est écoeurant.

Mais leur ton est grave et je sens de la tristesse dans leur voix.

12h10

10 minutes c'est le temps qu'il m'a fallu pour arriver à destination, mais c'est aussi le temps qu'il m'a été nécessaire de comprendre l'horreur et la gravité des récents évènements.

Je n'arrive plus à décrocher de Twitter, je ne veux rien rater, je veux comprendre, je veux savoir. Je scrute mes 2 timelines, mes listes, je raffraichi non-stop. Les infos se suivent, et se contredisent, il n'y a pas encore de porte-parole officiel.

Je suis arrivé à la CAF, il y a 15 personnes devant moi.

12h50

Maintenant c'est sur, on a attaqué les journalistes de Charlie Hebdo, en réponse au caricatures du prophète Mahomet parues dans le journal. Il s'agirait de 2 hommes, lourdement armés, en fuite dans Paris.

On parle d'une dizaine de blessé, d'autant de personnes décédées, aucuns noms pour le moment, seulement que 2 policiers font partie des victimes, l'un chargé de la protection de la rédaction, et l'autres abattu froidement après avoir tenté d'intercepter les meutriers.

Un tweet passe, il annonce la mort de Charb.

14h00

Je suis de retour au travail, la mort de Charb semble se confirmer, ainsi que celle de 3 autres de ses collègues : Cabu, Tignous, Wolinski.

Je me branche sur Europe 1 pour suivre en permanence le détails des évènements et j'espère que l'horreur va s'arrêter. Je tente de travailler mais le coeur n'y est pas, toute l'après midi je me sens groggy, j'ai l'impression de mettre pris un uppercut dans l'estomac, j'ai le souffle court.

Il y aura 12 morts.


Je suis malade. Malade, dégouté, horrifié que l'on puisse porter atteinte à la vie de quelqu'un pour un motif aussi futile, que quelques dessins parus dans la presse.

Je ne me suis jamais senti aussi impuissant de toute ma vie. Car ce que je vois dans l'attaque d'hier, ce n'est pas seulement le crime perpétué au sein de la rédaction de Charlie Hebdoc, non, ce que je vois c'est une attaque contre l'un des principes fondateur de notre pays, la France, une valeur pour laquelle des gens sont morts, et meurent encore aujourd'hui partout dans le monde : la liberté d'expression.

Je ressens aussi une tristesse immense, pour les familles des victimes, qui ont perdu un de leur proche, un mari, un père, un ami, ... Mais aussi pour les mulsumans de France, et d'ailleurs, qui vont subir dans les prochains jours les retours de flammes des actions commises en cette triste journée du 7 janvier 2015. Et ça a déjà commencé, un certains nombre de personnes réclament des mulsumans qu'ils disent clairement que les terroristes n'agissent pas en leur nom; des familles et des lieux de cultes ont été attaqués.

Mais heureusement la mobilisation des Français me fait chaud au coeur. Car partout en France et dans le monde, de manière spontanée, les gens se sont rassemblés. Pas pour crier leur colère, mais pour dire aux terroristes, qu'ils ne nous font pas peur, qu'ils ne nous feront pas taire, et que le crayon sera toujours plus fort que l'AK-47. Ils se sont tous réunis sous un seul cri : Je suis Charlie

Je dédie cet article à toutes les victimes et à leur proches.

  • Cabu
  • Charb
  • Honoré
  • Tignous
  • Wolinski
  • Bernard
  • Mustapha
  • Elsa
  • Michel
  • Frédéric
  • Ahmed
  • Franck